--> Comprendre les crises (16) Fukushima
11 jui 2014
Comprendre les crises (16) Fukushima

Les conséquences de la catastrophe du 11 mars 2011 qui a frappé le Japon sont loin d’être épuisées et même connues. Plus de trois ans après sa survenance, ce document vient compléter une abondante littérature, mais c’est la première fois qu’une publication française aborde la question de manière pluridisciplinaire.
Il faut tout d’abord rappeler que cette immense catastrophe n’a pas d’équivalent historique. Elle a combiné un séisme de très forte ampleur (magnitude de 8,9 sur l’échelle de Richter), puis un tsunami dont la vague d’environ 10 mètres de haut a submergé une partie de la côte orientale et provoqué l’arrêt des circuits de refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima.
L’accident nucléaire, classé 7, soit le plus haut dans la hiérarchie de tels événements, a focalisé le débat sur le risque nucléaire. S’il est impossible, voire indécent, de minimiser ce risque, il faut également reconnaître que Fukushima souligne aussi la difficulté qu’il existe à intégrer l’incertitude dans les analyses et jette une lumière crue sur les biais cognitifs qui interfèrent dans la prise de décision, conduisant souvent les décideurs à nier ou à minimiser l’importance des problèmes.
Ce désastre interpelle aussi sur l’ampleur des conséquences de long terme. Trois ans après, au moins 160 000 personnes sont encore à reloger et un profond malaise social semble s’ancrer. Fukushima est à la fois un révélateur et un catalyseur des problèmes de la société japonaise. Ils concernent l’économie avec un appauvrissement de la classe moyenne qui éclate au grand jour, une perte de confiance durable dans les autorités et une remise en cause des structures sociétales. Nul ne peut dire comment ces évolutions se traduiront au final et si elles peuvent remettre en cause le modèle démocratique japonais.
Ce document est complété par une analyse de la criminalité japonaise et les effets d’aubaine provoqués par le désastre.
La question posée par de nombreux spécialistes des crises au lendemain de la catastrophe sur la nécessité d’investir le champ de l’analyse des risques demeure. Ce type d’analyse est incontournable mais ne saurait constituer une fin. Elle est une aide à la décision mais elle n’est qu’un élément parmi d’autres au service du décideur qui doit également tenir compte d’autres paramètres. C’est à lui qu’il incombe in fine – en s’appuyant sur l’état des connaissances scientifiques, des ressources disponibles et de l’existence d’opinions et d’intérêts socio-économiques parfois antagonistes – de déterminer le niveau de risque socialement acceptable.
La prise de décision en période de crise est un exercice délicat consistant à ne pas confondre le souhaitable, le probable et le possible. Cet exercice est de plus en plus difficile et subtil au fur et à mesure que le monde se complexifie. L’enjeu fondamental est en effet de dégager un consensus sur un système de valeurs faisant la part entre risque et développement et de le coupler à une vision d’avenir qui permettrait de progresser et de dépasser les aspects négatifs du désastre. C’est toujours ainsi que l’humanité a progressé.

Ce document est une publication du Département Risques et crises de l’Institut National des Hautes Études de Sécurité.
Il est téléchargeable sur le site de l’Institut
http://www.inhesj.fr/fr/qui-sommes-nous/les-publications/la-collection-etudes-recherches-documents-de-linhesj/6

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