Cet article s’inscrit à la suite de celui publié en février 2015 qui rapportait un papier de recherche de Justin Larouzee, Franck Guarnieri et Denis Besnard présentant les travaux du psychologue anglais James Reason sur l’erreur humaine.
Dans la continuité de ces travaux, Justin Larouzee vient de soutenir sa thèse auprès de l’école des Mines de Paris sur la théorie et pratique des modèles d’erreur humaine dans la sécurité des barrages hydroélectriques en traitant le cas des études de danger de barrages EDF.
L’étude est articulée autour de la question du rôle, de la valeur et de la place des modèles d’erreur humaine dans la gestion de la sécurité industrielle. Est ainsi mise en lumière la trop faible collaboration entre les mondes de la recherche et de l’industrie et ceux des sciences humaines et des sciences de l’ingénieur.
L’enjeu est de contribuer à un recadrage du débat sur la nature et la valeur des modèles.
Ce constat de Justin Larouzee est aussi applicable aux situations de crises gérées par les administrations et les politiques.
Nous privilégions par facilité la recherche du coupable de l’erreur et nous minimisons la remise en cause des organisations en renonçant encore trop souvent à des réformes nécessaires et radicales car pour être réalisées elles doivent mobiliser ou réorienter totalement des moyens budgétaires et changer des comportements au moyen d’une mobilisation que l’on estime disproportionnée …
L’intégration des sciences sociales à la prise de décision et à la détermination de mesures de prévention des risques semble évidente mais tout ou presque est encore à faire ….
L’erreur imputable au fonctionnement humain étant impossible à éradiquer, la lecture de ce travail doit inciter tout décideur à créer un environnement propice à l’épanouissement d’une culture de la sécurité robuste en donnant aux organisations dont ils ont la charge les moyens matériels mais surtout intellectuels permettant la congruence entre des mondes imbriqués et en aucun cas côte à côte.